Fécondité

C’est avant tout spirituellement que l’homme doit être fécond. Tel est pour lui à la fois le don et le devoir qu’il doit exécuter par obéissance envers Dieu.
Dans l’acte d’amour sexuel authentique, la part de l’homme qui a première vue n’est qu’action devient un réel don, mais seulement s’il comprend la perte de soi comme une manière de se retrouver en se donnant à l’autre. « L’homme ouvre la femme du dehors il l’a pénètre pour donner lieu au processus féminin d’enfantement qui se déroule du dedans au dehors. Les deux sont liés : chacun des deux mouvements est à la fois fin et commencement. On a de plus une dialectique entre solitude et couple : l’homme fait appel à la puissance d’enfantement de la femme pour engendrer en elle (...) dans l’acte même qui le rend agissant comme principe masculin, il manifeste à la femme la puissance qui réside en elle, tandis que la femme, en enfantant, manifeste la force de l’homme : dans l’acte de conception l’homme est actif, la femme contemplative, dans la naissance c’est l’inverse". (1)

Il me semble, même si Balthasar rejette l'intuition de K. Barth de trouver dans cette échange des éléments de comparaison avec la trinité économique semble latents. Il y a, de toute évidence depuis Genèse 2 et le Cantique des Cantiques, une analogie forte entre le mystère conjugal et le mystère divin, que l'on ne peut systhématiser, mais que l'on ne peut non plus oublier. C'est pour moi un chemin de réflexion en termes de pastorale du mariage. Non pour justifier un discours dogmatique mais pour introduire, dans un discours pastoral sur l'amour, une dimension chrétienne qui la dépasse, un sens sacramentel...

(1) Adrienne von Speyr, 80 psaumes, p. 113s cité par Hans Urs von Balthasar DDIV, p. 433

Etre source

« Celui qui boit à la source, d’après la parole du Seigneur, devient lui-même la source, recevant la Parole divine il est fait lui-même parole (...) celui qui reçoit devient aussi une plaie saignante, une blessure d’amour qui pénètre au plus intime du cœur, c'est à dire jusqu’à la participation à la divinité, car l’amour est-il dit, c’est Dieu » (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, il s’agit de quelque chose comparable à ce qu’exprime le Cantique des Cantiques : « blessée par la flèche d’amour, l’épouse à une plaie qui se transforme en joie nuptiale »

(1) d’après Grégoire de Nysse, cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, p.363

Pépites

Au bout de vingt ans de culture des âmes, au chevet des couples en naissance, je m’aperçois qu’il y a en chacun une petite pépite enfouie. A partir d’une histoire très humaine, dans l’aléa des rencontres et de la vie qui bouillonne en l’homme, Dieu trouve des germes de vie et n’a de cesse de les faire grandir. Certes la tâche est souvent ardue, mais toute histoire à son espérance, inscrite au cœur même de son humanité la plus primitive. Chaque histoire d’amour dispose d’un potentiel divin qu’il ignore.

Et dans une certaine mesure, comme pour beaucoup d’histoires, l’enjeu est celui de la parabole du semeur. Laisserons nous pousser la graine ?