Le thème de la distance et de la proximité se conjugue d'une certaine manière dans le "tu feras une seule chair" de Genèse 2. Au sens latin, la chair est vue comme fusionnelle, alors que le terme basar, nous l'avons dit par ailleurs est le symbole d'une relation plus large, ce que j'appelle une symphonie. Et la symphonie de nos différences, la recherche d'une harmonie au travers même de ce qui nous constitue est au sein même de cette notion paradoxale de distance et de proximité. Proximité des cœurs et liberté d'être.
Cela rejoint à mon avis ce que dit Balthasar quand il parle de créer un espace, une distance pour qu'il y ait don de soi et mouvement, échange entre "vouloir" et "laisser l'initiative".
Dans l'espace qui existe entre les Personnes se place le champ infini de la fécondité et de la richesse inventive de l'amour divin" (1) qui va jusqu'à "laisser le Fils libre dans l'espace infini de sa propre liberté filiale et de sa souveraineté divine. Ainsi le Père veut-il de toute éternité se laisser surpasser par l'amour du Fils" (2)
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 83
(2) ibid p. 84