Esprit et Eros

L’amour exigé des partenaires est définitif, au point qu’il est redevable exclusivement à l’Esprit Saint, qui est capable « dans les Epoux de transformer l’Eros naturel en une agapè qui a sa source en Dieu (...) l’amour subjectif devient dans le sacrement la norme objective de l’amour du couple humain. Déjà dans la nature non encore déformée de l’amour humain est esquissée une totale dépossession de soi-même en faveur du partenaire conjugal. C’est peut-être ce que sous-entend Paul quand il dit – ce qu’il faut prendre spirituellement – que « la femme ne dispose pas de son propre corps » (cf. 1 Co 7,4). Mais ce don des corps n’est parfait que dans l’axe d’une eschatologie…

Si l’amour conjugal que Thomas appelle maxima amicitia (CG III, 123) est déjà naturellement une suprême performance de l’Esprit humain, il convient de parler à propos du mariage chrétien (...) d’une inhabitation de l’Esprit Saint dans toutes les formes, actes et renoncement de l’amour fidèle. Car Agapè est le nom propre de l’Esprit Saint or dans l’économie du salut, l’agapè n’est concrète que dans le sacrement originaire de l’amour entre le Christ et l’Église. (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.336